« Ron permet de nous faire mieux aimer par nos camarades. Je me sens plus respectée et plus forte avec lui ». Maïwenne est en classe de 6e au Sacré-Cœur, à Saint-Brieuc. La jeune fille compte parmi les onze élèves accueillis au sein du dispositif Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire). Depuis septembre, elle partage ses journées avec un golden retriever de bientôt 5 ans. Ce superhéros à quatre pattes, c’est Ron, donc, chien d’assistance à la réussite éducative . Voilà trois ans que l’ancien pensionnaire d’Handi’chiens est la star de l’établissement. De la salle B308, tout particulièrement. C’est ici qu’il accompagne les élèves en situation de handicap. Une présence rendue possible grâce à Émilie Pignard, enseignante coordinatrice du dispositif Ulis. Ce projet, la quadra le porte depuis 2018. À l’époque, elle est instit en maternelle, s’occupe d’une classe d’une trentaine d’enfants. « Certains présentaient des troubles du développement, avaient des parcours familiaux tellement compliqués qu’ils ne pouvaient pas rentrer dans l’apprentissage ». Elle se met en quête de pédagogies alternatives et tombe sur le livre « L’École autrement », d’Émile Le Menn. Émilie y découvre l’histoire d’une prof finlandaise qui assure ses cours avec son chien, et les vertus de la médiation animale . Elle prend contact avec Handi’chiens, intègre le Sacré-Cœur à la rentrée 2021, « [son] projet sous le bras ». Au printemps suivant, Ron fait sa rentrée. Et l’effet est immédiat. « En Ulis, on accueille des collégiens dont les capacités de communication peuvent être impactées, détaille l’enseignante. Or, la présence du chien d’assistance améliore la perception des émotions et aide à une meilleure communication avec leurs camarades ». « Ronron », c’est aussi l’antistress. Celui qui soulage les nœuds dans le ventre, comme avec Ewen, 12 ans. « J’ai fait une crise d’angoisse avant mon évaluation de français. Caresser le chien, ça m’apaise. Si je me sens bien dans ce collège, c’est grâce à lui ». Donner du sens L’apprentissage est plus facile à ses côtés, et Émilie l’a bien remarqué. Pour aborder « L’Odyssée », elle s’adapte et choisit de raconter l’histoire par le biais d’Argos, le chien d’Ulysse. Quand vient l’épineuse question des fractions, il s’agit de déterminer à quelle part de gruyère ou combien de quartiers de pomme Ron a le droit. De quoi « donner du sens » aux enseignements. (Le Télégramme/Léa Gaumer) Rapidement, le golden se révèle aussi être un « facteur d’inclusion exceptionnel ». « Quand j’ai pris mon poste, les autres jeunes ne venaient jamais ici, la porte était toujours fermée. Maintenant, c’est du non-stop ». « Pas de récré pour Émilie !, s’amuse Farah, AESH. À chaque intercours, c’est le défilé. Les élèves des autres classes ont toujours une question à lui poser mais en fait, ils viennent surtout voir le chien ». « Vous pleurez, Émilie ? » Une manière de créer du lien entre les collégiens et d’encourager la tolérance. « Les élèves de dispositif Ulis sont souvent ostracisés. Mais grâce à la présence de Ron, ce n’est pas du tout le cas », constate Benoît Coupechoux, directeur du collège. Preuve en est avec cette chanson, imaginée par Gabriel en hommage au golden retriever et reprise par 30 élèves - neuroatypiques ou non.